Création 2017

Oreste d’Euripide

Nouvelle traduction du grec ancien par Marie-Pierre Burtin
Mise en scène de François Juillard

Création au Théâtre Alizé, dans le cadre du Festival OFF d’Avignon, du 5 au 28 juillet 2019.

Oreste a tué sa mère Clytemnestre. Rongé de culpabilité, il est en proie au délire, à la fièvre, et aux hallucinations. Sa sœur Electre le veille, et s’inquiète du sort que leur réservent les citoyens d’Argos, dont l’assemblée est sur le point de se réunir. Ménélas, leur oncle, revenant de Troie, vient rejoindre dans le Palais d’Argos sa femme Hélène et sa toute jeune fille Hermione. Celui-ci leur viendra-t-il en aide ? Probablement pas. Les menaces de Tyndare, vieillard susceptible qui, quoiqu’il en dise, n’accepte pas la mort de sa fille Clytemnestre, semblent dissuader Ménélas de secourir Oreste et Electre, tous deux menacés de lapidation par le peuple.

Avec l’aide de son ami Pylade, Oreste se rend à l’assemblée pour défendre sa cause, en vain. Les démagogues et les ambitieux l’emportent. Oreste et Electre n’échapperont à la plèbe qu’à la seule condition de s’ôter la vie eux-mêmes, ce qu’ils se préparent à faire. Mais voilà que Pylade, puis Electre conseillent à Oreste de ne pas mourir sans se venger de Ménélas le lâche, l’ingrat, en tuant sa femme Hélène, et même de chercher à se sauver en prenant en otage Hermione, sa fille, et en échangeant leurs trois vies contre la sienne. Desperados. Les héros sympathiques redeviennent bourreaux. Si Ménélas résiste, on égorgera Hermione, et on mettra le feu au palais d’Argos

Oreste, ou l’éternel retour de la violence

Pitié ? Le mot aujourd’hui sonne creux, connote une certaine condescendance qui n’a rien à voir avec la connaissance apportée par cette émotion, avec la prise de conscience aiguë, insupportable de l’horreur par excellence : la mort. Et de plus, mort de la mère. Mort à laquelle Oreste se rend compte tout d’un coup qu’il appartient. Qu’en s’en faisant l’auteur il en devient victime. Ce sang qu’il a versé coule dans ses veines. C’est de lui-même qu’il doit faire le deuil : de quoi rendre fou.

Mais cette conscience horrifiée de la mort donnée et reçue est aussi ce qui peut retenir, arrête, quand on dévale la pente de la violence. Dans ce Phrygien dont il épargne la vie, Oreste reconnaît une « sunésis » proche de la sienne: ce barbare, cet esclave qui « comprend les choses », n’est-il pas son semblable?

Homme dont elle dévoile la pitoyable, la pathétique insuffisance et les égarements.

« Qui peut aujourd’hui croire sérieusement que le bourreau, le barbare, le monstre, le criminel, est et sera toujours, et nécessairement, un autre? Qu’on a pour soi, de son côté, définitivement et dans leur intégralité, l’humanité, la justice et l’innocence? »